Le rap Vénézélien n’est pas une enième variante d’un hip hop en constante mutation, dont on ne reconnaît plus les codes au fur et à mesure qu’il se perd et oublie ses racines.
Hardcore, puissant, authentique et sans concession, le rap sud-américain l’est encore plus au Vénézela, véritable poudrière sociale. Le feu de la rage et de la violence y est incandescent et le rap se dresse comme un ultime rampart à la misère. Il permet d’exprimer, de combattre ou de dénoncer une violence quotidienne banale et entendue.
C’est grâce à un reportage de Philippe Lafaix que j’ai découvert cette musique et son contexte. J’ai pris une énorme claque. Ce reportage : « Les rêves des Saints Noirs », vous devriez le voir, il parle des Santos Negros, Kraken et Karma et raconte leur histoire tragique à Caracas.
Il est à noter que la statistique du taux d’homicides par habitants au Vénézela est de 73 pour 100’000 selon l’Observatoire Vénézuélien de la violence.
Pour la seule année 2012, ce sont 370 policiers qui ont été tués, soit une moyenne d’un par jour.
La capitale, Caracas, est la la plus violente du monde avec une statistique ahurissante de 122 homicides pour 100 000 habitants.
La brutalité, la pauvreté, le chômage, la corruption, les meurtres et les trafiques qui gangrènent les quartiers pauvres de cette ville en font un lieu extrêmement dangereux à côté duquel des villes comme Detroit, 36 meurtres pour 100’000 habitants, pourraient passer pour des stations de vacances.
De ce terreau fertile aux inspirations les plus noires et aux créations écorchées vives émerge un hip hop à la violence authentique, dont la rage et la mélancolique irradient par leur profondeur. Ce hip hop fait de beats instrumentaux oldschool et de raps imprégnés de sang vous transperce comme une rafale de fusil d’assault à bout portant.
A Caracas, il n’est pas rare que les enfants soient abandonnés à la rue, faute de moyen pour vivre. Leure seule perspective consiste à survivre le plus longtemps possible dans un environnement où il est devenu banal d’être assassiné avant d’avoir eu 20 ans.
Ne cherchez donc pas ici des productions masterisées et produites à la perfection. Ce sont plutôt des instantanés qui vous lacèrent les tripes ; des témoignages d’un quotidien brutal et sans futur qui vous explosent en pleine face et laissent des traces.
Voici, ci-dessous, une liste d’artistes qui mériteraient d’être connus ou plus reconnus :
Santos Negros :
La Maldita Infamia :
Lil Supa :
Yarwill Zwart :
Elsucio Sonris Crash :
Exo Erreape :
Brow :
Tresemecinco :
El Escritor :